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Inzinzac - Lochrist (56650)
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Un peu d'histoire ...

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INZINZAC-LOCHRIST 
 
ORIGINE DU NOM :  
la commune est composée de quatre agglomérations : Inzinzac, autrefois Isniac ; Lochrist, de Locus Christis ; Penquesten, de pen, tête, et kesten, châtaigne, mots bretons qui évoquent la forêt de Tremelin ; et Kerglaw ou La Montagne, cité pour la première fois en 1427 
BLASON : sur fond bleu, l'aigle couronné déployant ses ailes au-dessus du feu et la devise "eau et feu" symbolisent les deux grandes richesses de la commune.
 
 
 
 
HISTOIRE  
 
Le territoire d'Inzinzac-Lochrist est habité par les celtes dès le 5e siècle av.J.-C., comme le prouvent les sept haches celtiques mises à jour, au 19e siècle, près du hameau de Brangolo. 
Les saints patrons d'Inzinzac, sainte Geneviève, saint Aubin, saint Pierre, saint Eutrope, et saint Symphorien, sont les témoins d'une christianisation précoce dès l'arrivée des bretons au 5e siècle. 
Inzinzac et sa trève Penquesten font partie du domaine de Kemenet-Héboë avant d'être citées en 1327 parmi les fiefs du Léon. A la même époque, l'île de Lochrist possède un prieuré qui relève de l'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys. Il est rattaché à Notre-Dame-de-la -Joie au 15e siècle. 
Dans la deuxième partie du 17e siècle, le territoire d'Inzinzac-Lochrist est victime d'une terrible épidémie de peste. 
La commune ne prend réellement d'importance qu'à partir de 1860, lorsqu'une usine fabricant de la tôle et du fer blanc est créée sur les berges du Blavet. Les forges de Kerglaw s'étendent progressivement vers l'amont jusqu'à l'île de Locastel en Lochrist pour devenir dès 1855 les forges d'Hennebont. 
Jusqu'à leur fermeture en 1968, la vie de la commune se confond avec celle de l'usine. 
Inzinzac-Lochrist se dédie aujourd'hui à la préservation de son patrimoine naturel : le Blavet et la forêt de Tremelin, composée de 750 hectares de bois et de sentiers.
 
 
PATRIMOINE  
 
Barrage et plan du TY-MAT 
Ty-Mat, 
Ce barrage hydraulique a créé un lac artificiel d'environ 700 m de long sur 80 m de large, dans un site naturel sauvage. Le barrage permet une retenue d'eau de 96 000 m3 et alimente en eau potable l'arsenal de Lorient. En construisant ce barrage, les allemands décident de mettre en application un projet déjà existant. Le service d'alimentation d'eau de l'arsenal est ainsi assuré de façon autonome dès 1943, et l'ancien réseau dit des fontaines de la Compagnie des Indes, datant de 1746, est abandonné.
 
 
 
 
 
Ecomusée des Forges d'Hennebont 
Lochrist
 
 
Emile et Henry Trottier achètent en 1860 la propriété de Kerglaw au bord du Blavet pour y fonder un établissement métallurgique. En raison de la présence du Blavet, de la demande en fer blanc émanant des conserveries de sardines et de la main-d'oeuvre nombreuses, l'entreprise semble voué au succès. 
En 1865, l'usine emploie 310 ouvriers et produit 1 225 tonnes.
 
 
En 1872, l'île de Lochrist est équipée en laminoirs, et les installations industrielles s'étendent sur 2,5 kilomètres. Peu après, l'usine Trottier est absorbée par la Société des Cirages Français qui apporte les investissements nécessaires à la modernisation de l'établissement. 
En 1936, les Forges produisent 33 199 tonnes de tôle, 9 292 tonnes de fer blanc, 915 tonnes de moulages d'acier et emploient plus de 3 000 ouvriers. L'après-guerre se caractérise par l'accroissement de la concurrence européenne, et l'établissement ne travaille en 1960 qu'à 50e ses possibilités. La fermeture définitive en est décidée en 1966. 
Le musée ouvrier des Forges d'Hennebont a pris place dans les locaux de l'ancienne usine. Il conserve la mémoire de ce patrimoine industriel breton.
 
 
1966 Hennebont. Les forges ferment leurs portes 
Le 18 mai 1966, le gouvernement décide la fermeture des Forges d'Hennebont même si ce n'est qu'en aout 1968 que le dernier atelier cessera son activité. Un siècle d'histoire s'achève. Le traumatisme est immense. 1.600 emplois- les Forges installées en fait à Lochrist en avaient compté près du double- passent à la trappe. Une communauté d'hommes et de femmes issus de la terre, façonnée par la misère et les luttes et qui vivait repliée depuis cinq générations sur un site clos, est touchée de plein fouet. Cette communauté mettra longtemps à s'en relever en dépit des efforts louables des pouvoirs publics et de Raymond Marcellin, ministre, pour mener à bien une difficile reconversion. 
 
Photo: Des forges construites en bordure du Blavet canalisé qui permettait de recevoir du minerai de fer provenant des mines de Loire-Inférieure ou d'Angleterre ainsi que le charbon anglais débarqué à Lorient (ph.DR). 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Photo: Une équipe d'ouvriers en 1880 (photos écomusée industriel de Lochrist-Inzinzac). 
 
 
Gommer l'histoire 
 
De nouveaux emplois sont certes créés. Ils compensent, en nombre, la perte d'effectifs du site des Forges. Mais, ils voient le jour à une dizaine de kilomètres, sur une zone industrielle aménagée ex-nihilo, à la place de champs de choux. 
Ils n'ont pas la même signification industrielle, sociale, culturelle. Ils sont tout aussi fragiles. Certaines entreprises ne dureront guère tandis que la plus grosse d'entre elles, la Société bretonne de fonderie et de mécanique, une filiale du groupe Renault perdra le tiers de ses 1.500 salariés, échappant à un dépôt de bilan et, ultérieurement, à sa disparition pure et simple. 
Il faudra l'intervention de Laurent Fabius premier ministre auprès du P.dg de la firme pour que le groupe maintienne son activité. A Lochrist, comme s'il s'agissait de gommer cette mémoire ouvrière, les bulldozers et la dynamite entrent en action dès 1969.
 
 
Bretons courageux 
 
Un siècle plus tôt, en 1860, Henri et Emile Trottier, ingénieurs des Arts et Métiers d'Angers, acquièrent trois hectares sur la rive droite du Blavet canalisé. 
Cette voie navigable permet de recevoir du minerai de fer provenant des mines de Loire-Inférieure ou d'Angleterre, le charbon anglais débarqué à Lorient, tandis que la forêt bretonne fournit le charbon de bois. 
La clientèle est constituée pour l'essentiel par les conserveries du littoral armoricain. La main d'œuvre locale d'origine paysanne et qui finit par se prolétariser sans tourner le dos à ses coutumes et à sa langue, est "abondante et courageuse". Production et installations ne vont cesser de croître.
 
 
Phalanstère ouvrier 
 
En 1882 alors que se pose un premier problème de modernisation, les Forges passent dans le giron des Cirages Français. Ceux-ci investissent. 
La Grande guerre dope les fabrications. Désormais, "une vallée noire" s'étire sur 2,5km. Des quartiers ouvriers, un clinique-dispensaire, une salle des fêtes sont construits. Le phalanstère ouvrier prend forme. Une première fois, l'occupation allemande viendra geler la production avant qu'elle ne retrouve au début des années 50 sa vitalité.
 
 
A nouveau, il apparait impérieux de moderniser face notamment à la concurrence de la grande sidérurgie, Usilor et Sollac. C'est chose faite en 1955. Trop tard, quand les Forges situées loin de leurs centres d'approvisionnement ne peuvent rivaliser avec des sites mieux placés. C'est du moins l'argument qui a cours. En dépit du soutien des pouvoirs publics, les Forges s'enfoncent dans la crise. 
 
Grèves insurectionnelles 
 
Mais la "forteresse ouvrière" pour reprendre l'expression de Gisèle Le Rouzic qui lui a consacré plusieurs ouvrages, ne rend pas les armes si facilement. 
Elle a l'habitude de se battre. Les grèves y ont volontiers eu un caractère insurrectionnel de type révolutionnaire, comme en 1903 puis en 1906 quand la fédération des métaux choisit de faire des Forges un laboratoire de lutte pour les 8 heures: 110 jours de grève. 
La CGT relayée par le parti communiste y trouve un terreau de choix, s'appuie sur une conscience et une classe ouvrières affirmées.
 
 
 
 
 
 
 
 
Moins d'émotion 
 
Contre les puissants maîtres de forges, contre la logique économique, la lutte est inégale en dépit d'une mobilisation que le pays de Lorient ne verra jamais plus et qui laissera pas mal de nostalgie chez les "vieux" syndicalistes devant la frilosité des Lorientais face notamment à la fermeture de la base des sous-marins. 
Lochrist prendra le deuil pendant plus de dix ans. En 1978, une association voit le jour. Elle donne naissance en 1984 à un écomusée, musée de l'homme, musée de l'histoire ouvrière. Gisèle Le Rouzic en est la fondatrice et l'animatrice. Le sanctuaire cesse d'être un mausolée, "la compréhension du passé devient moins émotionnelle, plus intelligente".
 
 
Le passé momifié 
 
Longtemps encore, une partie de la population évitera le site. Les derniers ouvriers des Forges, les plus jeunes embauchés feront le détour. A leurs yeux, le musée fige, momifie le passé. Il est castrateur. Il participe aussi de la trahit en ce sens qu'il banalise: "les jeunes voient l'histoire de manière réductrice". 
 
Les anciens- fatalité?- ont fini par admettre la mort du géant. Ce sont eux qui fourniront les premiers objets du musée, cette part d'eux mêmes qu'ils donnent à voir. Plus récemment, Gisèle Le Rouzic s'est vu proposer carnets, photos... à l'achat, mais les sommes revendiquées sont dérisoires.  
 
Seul, le Vulcain 
 
Encore une fois, le site, lui, ne sera guère préservé. La loi de 1975 sur le patrimoine industriel arrive trop tard: "J'ai vu les bulls défoncer les cités ouvrières". 
Les bistrots qui rappelaient l'histoire, lieux de vie, lieux de ciment social, ont disparu quand ils n'ont pas été anglicisés par leurs nouveaux propriétaires. Seul, le cinéma le Vulcain rappelle la forge. Un jardin public a été aménagé à la place des laminoirs. La foudre à son tour s'en est mêlée, détruisant une cheminée qui avait survécu à la démolition.

  
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Modifié en dernier lieu le 2.08.2005
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